Mardi soir, direction Rimouski pour assister à la Coupe Memorial.

Dès le jour 1, en faisant une demande d’accréditation médiatique, j’avais ciblé le match London – Medicine Hat. Je voulais voir en action les Dickinson, O’Reilly, Cowen, Halttunen et Bonk d’un côté… et Lindstrom, Wiesblatt, Pickford, Basha et St. Martin de l’autre.

Ah, j’oubliais. Je voulais aussi voir, en chair et en os, le prodige Gavin McKenna. J’avais déjà scruté des heures et des heures de matchs impliquant le futur Crosby, McDavid ou intégrez ici le nom de votre joueur vedette favori. Mais je voulais le voir en personne. Je voulais le voir manœuvre la rondelle comme pas un. Je voulais le voir accélérer d’une ligne bleue à l’autre comme lui-seul est en mesure de le faire.

Mes attentes étaient énormes, pour ne pas dire astronomiques. Le joueur que j’ai vu sur la surface glacée du Colisée Financière Sun Life mardi soir, devant une salle comble, m’a toutefois grandement déçu. Certes, un mauvais match, ça peut survenir à tout moment… et surtout, à tous les joueurs. Sauf que sur cette scène et avec un enjeu aussi important, soit pour confirmer la place de son équipe pour la grande finale de la Coupe Memorial, un tel match n’était tout simplement pas permis.

Si un amateur de hockey venant de la planète Mars, n’ayant jamais entendu parler de McKenna, avait vu le jeune prodige pour une première fois mardi soir contre London, il aurait probablement pouffé de rire.

« Ce gars-là, premier choix incontesté du repêchage de 2026 dans la Ligue nationale de hockey? Tu me niaises? Il ne me fait pas penser à Sidney Crosby. Il me fait davantage penser à Travis Moen », m’aurait probablement mentionné ce spectateur fictif venant d’une autre planète.

Car, effectivement, le Gavin McKenna que j’ai vu jouer ce mardi n’avait rien d’une étoile en devenir. Il a été complètement réduit au silence par l’excellent défenseur Oliver Bonk. Son paternel Radek (que je n’ai pas vu à Rimouski soit dit en passant) doit d’ailleurs être fier.

McKenna se trainait les pieds. Il allongeait inutilement ses présences sur la glace. Il démontrait un manque d’intérêt flagrant en zone défensive. Il n’a jamais utilisé sa vitesse pour déborder un adversaire. Il a même fait avorter une situation de 2 contre 1 d’une façon si lamentable que c’en était presque criminel! Bref, il a joué comme Travis Moen et pas comme Sidney Crosby.

McKenna est-il blessé? Peut-être! Le jeune ne semble toutefois pas être dans un bon état d’esprit à Rimouski. Les gens là-bas (et ils sont nombreux) se plaignent de son détachement. Le jeune homme, futur millionnaire, refuse plus souvent qu’autrement d’apposer sa signature sur un objet quelconque lorsqu’un partisan ose (sacrilège) l’approcher si je me fie aux propos de mon collègue Therriault du Journal Le Soir.

Je ne veux évidemment pas démolir le jeune homme. Du haut de ses 17 ans, il doit gérer quotidiennement avec une pression qu’un adolescent normal ne devrait, bien évidemment, pas avoir à gérer. Sauf que j’en ai vu des matchs de Crosby. J’en ai vu des matchs de McDavid. Les noms de ces deux grands joueurs reviennent régulièrement dans les conversations pour décrire l’impact que pourrait avoir McKenna dans la Ligue nationale de hockey.

À l’époque, j’ai assisté à une vingtaine de matchs de Crosby lors de ses belles années à Rimouski. Jamais, Sid the Kid a démontré un manque d’enthousiasme sur la glace! Jamais! Même discours pour McDavid, qui n’est pas reconnu pour être un adepte des journées de congé.

Malgré tout, les Tigers ont obtenu leur laissez-passer pour la grande finale. McKenna aura donc un dernier match pour faire amende honorable. Sans quoi, son passage à Rimouski sera perçu par plusieurs (et j’en suis) comme un échec lamentable.

En résumé, si McKenna souhaite devenir le prochain grand joueur de la Ligue nationale de hockey, il devra éviter de s’endormir trop souvent. Sans quoi, il deviendra, au mieux, un Neil Yakupov… ou un Travis Moen.